Au cœur du déclin de BlackBerry : Comment le concepteur n'a pas réussi à s'adapter

A la fin de l'année 2012, alors que le déclin de BlackBerry venait de commencer, Thorsten Heins alors Président Directeur Général de Research In Motion Ltd. devenu aujourd'hui BlackBerry a discuté avec le conseil d'administration au siège de la société à Waterloo en Ontario pour revoir les plans en ce qui concerne le lancement d'un nouveau téléphone destiné à relancer les ressources de la compagnie.

Son arme était le BlackBerry Z10, un appareil fin disposant d'un écran tactile en verre ressemblant à celui qu'avait conçu Apple Inc. et Samsung Electronics Co. Ltd., les marques qui dominaient le marché mondial des Smartphones.

Cependant, selon une source qui se trouvait dans la salle, l'un des administrateurs de RIM était frustré par ce qu'il avait vu et dit. Il y a un problème culturel à RIM, disait-il au groupe, et le Z10 est une illustration évidente de ce problème.

L'intervenant n'était nul autre que Michael Lazaridis, le génie derrière BlackBerry, cofondateur de la compagnie et ancien codirecteur. Quelques minutes avant, il affirma qu'il avait discuté avec le Directeur Marketing Frank Boulben et le Directeur des Opérations Kristian Tear qui étaient les toutes nouvelles recrues de M. Heins.

Messieurs Boulben et Tear dirent d'un ton dédaigneux à M. Lazaridis que le marché des téléphones mobiles équipés de clavier, une signature de RIM, n'était plus d'actualité.

Pendant la réunion du conseil, M. Lazaridis pointa un BlackBerry à clavier. « Je possède ce modèle », dit-il. « Il se démarque nettement ». Il pointa du doigt un téléphone à écran tactile et dit « Je n'ai pas ce modèle ».

M. Lazaridis prévint ses collègues administrateurs que le fait de se détourner d'un produit qui a toujours convenu aux clients professionnels, pour se focaliser sur la commercialisation d'un Smartphone entièrement tactile sur un marché qui est déjà rempli de ce type de produit était une énorme erreur. Quelques-uns étaient d'accord avec lui.

Ce conflit qui a régné dans la salle de conférence fut un moment clé dans le déclin de Research In Motion.

Autrefois géant du marché des Smartphones, RIM qui fut renommé BlackBerry Ltd. en janvier 2013, est maintenant en pleine décadence. La compagnie avait annoncé avoir perdu 965 millions de dollars américains au deuxième trimestre fiscal de l'année 2013, à cause de la dépréciation massive des téléphones Z10 qui sont restés invendus et non désirés plus de huit mois après leur premier lancement sur le marché. La compagnie a supprimé 4 500 postes à travers le monde, soit 40% de sa main-d'œuvre, dans la tentative désespérée de palier au déclin de BlackBerry observé.